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DominiqueCardon: Le monde des plateformes relationnelles n’est pas organisé par des hiérarchies préétablies fondées sur le statut social des personnes, leur qualification, leur prestige ou leur diplôme. Il s’agit d’un monde profondément méritocratique qui récompense ceux des participants qui sont parvenus à intéresser les autres. C’est donc par leurs activités, par la mise en œuvre de leur compétence, par la visibilité qu’ils ont su donner à leurs actions, que se dessinent des hiérarchies entre utilisateurs. Les collectifs du web 2.0 ne sont cependant pas des démocraties plates, auto-organisées et rigoureusement égalitaires. Elles font même apparaître des hiérarchies très fortes, des comportements stratégiques et des appariements sélectifs, mais ces hiérarchies, souvent changeantes et mobiles, sont le produit collectif du comportement individuel des autres. |
DominiqueCardon: Le monde des plateformes relationnelles n’est pas organisé par des hiérarchies préétablies fondées sur le statut social des personnes, leur qualification, leur prestige ou leur diplôme. Il s’agit d’un monde profondément méritocratique qui récompense ceux des participants qui sont parvenus à intéresser les autres. C’est donc par leurs activités, par la mise en œuvre de leur compétence, par la visibilité qu’ils ont su donner à leurs actions, que se dessinent des hiérarchies entre utilisateurs. Les collectifs du web 2.0 ne sont cependant pas des démocraties plates, auto-organisées et rigoureusement égalitaires. Elles font même apparaître des hiérarchies très fortes, des comportements stratégiques et des appariements sélectifs, mais ces hiérarchies, souvent changeantes et mobiles, sont le produit collectif du comportement individuel des autres. === Toujours rebondir ! === DominiqueCardon : Enfin, s’il est une règle de comportement essentielle dans l’univers des plateformes relationnelles, c’est bien celle d’être toujours actif, en mouvement, prêt à s’investir dans un nouveau projet. La variabilité des engagements, dans le temps comme dans leur objet, est une caractéristique récurrente des usages. Les participants multiplient leurs identités, participent à plusieurs communautés et rebondissent incessamment d’une plateforme à l’autre. L’instabilité n’est sans doute pas seulement une conséquence de la jeunesse et de la nouveauté de ce type de services, mais une propriété plus fondamentale de l’attrait pour ces engagements relationnels. DominiqueCardon : Ces 10 principes commandent une forme particulière d’organisation des systèmes relationnels du web 2.0 que nous appelons la force des coopérations faibles. En effet, la réussite du web 2.0 ne tient pas tellement à un "esprit communautaire", mais plutôt au fait que, dans les sociétés individualistes, les personnes produisent entre elles des liens et des relations en exprimant ce par quoi elles cherchent à se singulariser et à s’affirmer comme sujet. |
La réussite des plateformes relationnelles du web 2.0 (blogs, Flickr, Wikipedia, MySpace, Facebook, Twitter, etc.) repose sur 10 principes de fonctionnement essentiels. A partir des travaux de sociologie des réseaux sociaux et des études des grands graphes d’interactions, on propose une caractérisation succincte de ces règles.
DominiqueCardon: A l’origine de leur engagement sur une plateforme relationnelle, les personnes sont d’abord motivées par une raison personnelle : parler d’elles, montrer leurs photos, leurs goûts ou leurs connaissances. Le web 2.0 prend appui sur le développement croissant d’un individualisme démonstratif qui prescrit à chacun de se singulariser des autres en affichant ses petites différences. Aussi paradoxal soit-il, c’est donc le renforcement de l’individualisme dans un contexte qui valorise la reconnaissance symbolique des singularités de chacun qui est au principe de la coopération numérique.
OlivierZablocki : Moralité c'est une véritable escroquerie intellectuelle que d'utiliser dans ce cas le mot « communauté ». C'est un dégradation volontaire du sens commun. Aurait-on idée de parler de « communauté » pour désigner une foule qui se presse sur une plage de l'Atlantique au mois d'août ?
S'il existe une définition juridique du rivage, il n'en existe à ce jour aucune de la plage, « les plages relèvent plus d'une définition géologique que juridique » a répondu récemment un ministre à une question posée par un député.
Ce rappel du droit n'est pas anodin. Les dictionnaires proposent plusieurs variations du sens du mot « communauté » mais qui affichent une réelle unité :
Sens 1 : Caractère de ce qui est commun à plusieurs personnes ou choses.
Sens 2 : Groupe de personnes vivant ensemble et/ou ayant des intérêts communs. Synonyme société Anglais community
Sens 3 : Association de plusieurs Etats. Ex La Communauté européenne.
Sens 4 : Régime matrimonial où la totalité ou une partie des biens des époux est mise en commun.
Dans tous les cas, on voit qu'il faut qu'il y ait "un" bien commun à différencier naturellement "du" bien commun en général. Or il n'existe pas de bien commun qui n'ait un statut au sens juridique du terme. Les « pseudo-communautés » dont il est question ici n'ont aucun « bien commun » qui puisse être défini juridiquement, autrement dit elles n'ont aucun objet et par suite aucun statut. Ce sont des ensembles fluctuants de gens sans aucun droit sauf celui de se noyer dans des conditions générales d'utilisation surréalistes.
A ce stade, il est temps de se demander à qui profite le fait de supposer une personnalité communautaire à une collection d'individus que l'on est incapable de définir juridiquement et qui se trouve de fait sans objet ?
Chacun d'entre nous entrevoit la réponse, j'imagine... Sans doute cela profite-t-il au propriétaire du « café de la plage » où l'on consomme en espèces sonnantes et trébuchantes et dont le patron serait bien amusé si son comptable lui évoquait la « communauté » des consommateurs accoudés au comptoir. D'ailleurs, je l'entends rire d'ici.
DominiqueCardon : Enfin, s’il est une règle de comportement essentielle dans l’univers des plateformes relationnelles, c’est bien celle d’être toujours actif, en mouvement, prêt à s’investir dans un nouveau projet. La variabilité des engagements, dans le temps comme dans leur objet, est une caractéristique récurrente des usages. Les participants multiplient leurs identités, participent à plusieurs communautés et rebondissent incessamment d’une plateforme à l’autre. L’instabilité n’est sans doute pas seulement une conséquence de la jeunesse et de la nouveauté de ce type de services, mais une propriété plus fondamentale de l’attrait pour ces engagements relationnels.
DominiqueCardon : Ces 10 principes commandent une forme particulière d’organisation des systèmes relationnels du web 2.0 que nous appelons la force des coopérations faibles. En effet, la réussite du web 2.0 ne tient pas tellement à un "esprit communautaire", mais plutôt au fait que, dans les sociétés individualistes, les personnes produisent entre elles des liens et des relations en exprimant ce par quoi elles cherchent à se singulariser et à s’affirmer comme sujet.
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